En effet, lorsqu’en mars 1926 le directeur de la Cité universitaire, André Honnorat, a adressé un appel officiel au gouvernement hellénique, l’invitant à édifier un foyer national étudiant à Paris, il paraissait peu probable que ce dernier pût honorer cette invitation.
En effet, la conjoncture était trop défavorable pour trouver un financement de source étatique. Pour faire face aux lourdes et urgentes dépenses que supposait l’installation de plusieurs centaines de milliers de réfugiés venus de l’Empire ottoman, l’Etat hellénique, épuisé après dix années de guerre, avait dû contracter auprès de la Société de Nations un emprunt d’un montant considérable.
Le pays ne pouvait pas non plus compter sur l’habituelle générosité des donateurs privés. Les rangs des bienfaiteurs nationaux étaient devenus clairsemés après la guerre, la fortune de beaucoup ayant été sérieusement entamée. L’idée de mener une quête des fonds à l’échelle nationale, tant à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur, parmi les Grecs de la Diaspora a permis de réaliser ce grand projet.
Une souscription panhellénique a été lancée dès 1927, appuyée par une vaste campagne de presse. Plusieurs journaux de l’époque tels que le « Progrès » ou l’« Indépendant », des quotidiens de Salonique édités en langue française, ont incité leurs lecteurs à participer au recueil de fonds. Un journal grec de Paris publiait en avril 1928 un article sur le projet de création d’un Pavillon hellénique et communiquait la liste des premiers donateurs. Des associations francophiles, telles que la Ligue franco-hellénique s’étaient également activement engagées en faveur de ce projet.
Ces diverses initiatives ont rapidement porté leurs fruits. Les donateurs ne provenaient pas d’ailleurs que des seuls milieux sociaux aisés. Si Basil Zaharoff avait offert 200 000 francs, plusieurs autres donateurs avaient contribué avec des sommes plus modestes, dont l’accumulation avait été décisive pour la réalisation du projet. Des ouvriers et des étudiants avaient également mis leurs maigres économies au service de cette cause nationale, comme le fit observer avec fierté, quelques années plus tard, l’ambassadeur grec à Paris.
Une somme de 2 millions de drachmes fut réunie dès 1928. Grâce à cette rapide réussite de l’opération de collecte de fonds un pas décisif fut franchi en direction de la réalisation de cette oeuvre. L’idée de la création d’une résidence étudiante hellénique à Paris avait suscité un engouement général.
C’est parmi les milieux francophiles de la société hellénique que la mobilisation avait été la plus forte, avec en tête les anciens étudiants des universités françaises qui avaient à cœur ce projet. La Fondation devait donc beaucoup aux anciens étudiants des universités françaises, influents et compétents, qui, de diverses manières, lui avaient apporté leur précieux concours.
Ils ont d’autant plus été en mesure d’apporter une aide décisive, que nombre d’entre eux exerçaient des fonctions élevées dans les institutions publiques.
Ceci a notamment été le cas du juriste Nicolaos Politis, qui occupait le poste d’ambassadeur de la Grèce en France. Cet ancien professeur des universités françaises a mieux que quiconque promu ce projet, exerçant des pressions sur les pouvoirs publics grecs et négociant habilement avec les milieux universitaires français les divers aspects de la question.
De fait, ce gouvernement décida d’allouer une somme de 2,35 millions de drachmes au financement d’une résidence étudiante dans la Cité parisienne. La construction du bâtiment pouvait commencer. Celle-ci a pris un peu moins de deux ans. La cérémonie de la pose de la première pierre s’est déroulée le 14 janvier 1931. L’inauguration quant à elle a eu lieu le 23 décembre 1932. Le pavillon hellénique a commencé à accueillir des occupants à partir de janvier 1933, malgré les difficultés financières de la Grèce.
Grâce à la forte mobilisation nationale autour de ce projet la Grèce sut réussir là où d’autres pays de l’Europe orientale avaient échoué. En effet, de l’ « Europe migrante » seule la Grèce parvint à participer à la construction de la Cité.
Cérémonie de la premiere pierre en 1931. Politis, Chautemps, Charléty et Honnorat (débout) :
Avant même sa construction, cette maison était conçue avec l’ambition de devenir « un lien de plus entre votre grande patrie et la nôtre, par l’intermédiaire de ces générations d’étudiants qui, faisant leurs études en France, porteraient l’amitié et la civilisation française à leur pays», selon les mots de C. Othonides, alors ambassadeur de Grèce en France.
Un jeune historien ayant récemment acquis le titre de docteur de l’Université de Paris, Dionisios Zakynthinos, a été nommé à la direction de l’établissement. Il a accompagné son fonctionnement pendant les 3 premières années de son existence.
La Fondation Hellénique a affiché dès son ouverture l’ambition de satisfaire à un certain rayonnement culturel de la Grèce. Il s’agissait en effet de se doter d’un pavillon qui fût le reflet de ce berceau de culture. La volonté était de promouvoir l’ « hellénisme vivant » par ses valeurs philosophiques et sa langue qui porte en elle « l’âme hellénique ». Il s’agit aussi d’un lieu de rencontre entre l’Université de Paris et la Grèce vivante, réunion de la « Cité antique » et de la « Cité nouvelle ». C’est ainsi que de nombreuses activités culturelles et récréatives ont été organisées dès les débuts pour les étudiants, dont nous pouvons trouver trace dans les rapports d’activités. La Fondation s’est en effet efforcée de « créer autour d’eux un mouvement intellectuel, de leur donner l’occasion de développer leurs talents dans une collaboration étroite avec leurs camarades », ceci afin d’encourager des liens durables entre les jeunesses de divers pays.
Dès les premières années, des cours gratuits de grec, de français, d’anglais, d’allemand et d’italien sont organisés, ainsi que des causeries, conférences publiques et aussi excursions, bals, soirées artistiques et manifestations sportives à l’initiative du Groupe des Etudiants. Le but était d’ouvrir les étudiants à des domaines qui dépassent leur stricte discipline .
Le premier rapport d’activités, pour l’année 1932-1933, est très enthousiaste et positif. Les résultats brillants des étudiants sont cités avec fierté et le directeur, M. Zakynthinos, insiste sur la présence d’une importante activité culturelle, annexe à la fonction « hôtelière » de la Fondation.
L’architecture de la Fondation, mais aussi l’agencement de ses espaces de vie commune étaient conçus comme un cadre idéal facilitant la vie de la communauté formée par les résidents étudiants.
La Fondation Hellénique fut érigée pendant la période de construction la plus active de la Cité Universitaire Internationale. En effet, la Cité a connu une intense activité de construction au cours de la deuxième moitié des années 1920 et de la première moitié des années 1930 : la Maison Canadienne fut bâtie en 1926, la Fondation Belge en 1927, la Fondation de la République d’Argentine en 1928 la Maison Japonaise en 1929 et la Fondation des Etats-Unis en 1930. Chaque année une nouvelle résidence nationale ouvrait ses portes, élargissant le village universitaire.
C’est à ce rythme soutenu que la Cité a continué à s’agrandir au cours de la décennie suivante. Son développement ne fut freiné ni par la crise économique mondiale, ni par la forte chute, après 1932, du nombre d’étrangers présents dans les universités françaises.
Il est vrai qu’elle bénéficiait toujours de l’appui des pouvoirs publics et des collectivités locales. L’Etat français lui alloua une aide financière de 75 millions de francs, tandis que la municipalité se décidait à lui verser chaque année une subvention de 750.000 francs, ramenée, à partir de 1933, à 250.000 francs.
Mais l’extension de la Cité était due principalement à des apports étrangers. Huit nouveaux pavillons nationaux ouvrirent leurs portes au cours de cette décennie : la Maison des étudiants suédois en 1931, la Maison des étudiants danois, ainsi que la Fondation hellénique en 1932, la Maison de Cuba et la Fondation suisse en 1933, le Collège franco-britannique et la Maison de Monaco en 1937, enfin, le Collège Néerlandais en 1938. A la fin des années 1930, la Cité comptait au total 17 résidences étudiantes – compte tenu aussi des fondations françaises (Fondation de l’Institut Agronomique, Fondation Indochinoise et autres) – dont 13 avaient été construites par des gouvernements étrangers. En fait, ces oeuvres nationales avaient été pour une large partie financées par des donateurs privés.
Dans l’ensemble, la Cité devait beaucoup plus à l’action privée internationale qu’à l’action publique nationale.
Construite entre 1931 et 1932, la Fondation Hellénique est inaugurée en décembre 1932 par Nicolas Politis, alors ambassadeur de Grèce en France. Sa réalisation se fait dans un contexte économique et social très difficile pour la Grèce.
Charléty pose la première pierre :
En effet, lorsqu’en mars 1926 le directeur de la Cité universitaire, André Honnorat, a adressé un appel officiel au gouvernement hellénique, l’invitant à édifier un foyer national étudiant à Paris, il paraissait peu probable que ce dernier pût honorer cette invitation. En effet, la conjoncture était trop défavorable pour trouver un financement de source étatique. Pour faire face aux lourdes et urgentes dépenses que supposait l’installation de plusieurs centaines de milliers de réfugiés venus de l’Empire ottoman, l’Etat hellénique, épuisé après dix années de guerre, avait dû contracter auprès de la Société de Nations un emprunt d’un montant considérable.
Le pays ne pouvait pas non plus compter sur l’habituelle générosité des donateurs privés. Les rangs des bienfaiteurs nationaux étaient devenus clairsemés après la guerre, la fortune de beaucoup ayant été sérieusement entamée.
L’idée de mener une quête des fonds à l’échelle nationale, tant à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur, parmi les Grecs de la Diaspora a permis de réaliser ce grand projet.
Une souscription panhellénique a été lancée dès 1927, appuyée par une vaste campagne de presse. Plusieurs journaux de l’époque tels que le « Progrès » ou l’« Indépendant », des quotidiens de Salonique édités en langue française, ont incité leurs lecteurs à participer au recueil de fonds. Un journal grec de Paris publiait en avril 1928 un article sur le projet de création d’un Pavillon hellénique et communiquait la liste des premiers donateurs. Des associations francophiles, telles que la Ligue franco-hellénique s’étaient également activement engagées en faveur de ce projet.
Ces diverses initiatives ont rapidement porté leurs fruits. Les donateurs ne provenaient pas d’ailleurs que des seuls milieux sociaux aisés. Si Basil Zaharoff avait offert 200 000 francs, plusieurs autres donateurs avaient contribué avec des sommes plus modestes, dont l’accumulation avait été décisive pour la réalisation du projet. Des ouvriers et des étudiants avaient également mis leurs maigres économies au service de cette cause nationale, comme le fit observer avec fierté, quelques années plus tard, l’ambassadeur grec à Paris.
Une somme de 2 millions de drachmes fut réunie dès 1928. Grâce à cette rapide réussite de l’opération de collecte de fonds un pas décisif fut franchi en direction de la réalisation de cette oeuvre. L’idée de la création d’une résidence étudiante hellénique à Paris avait suscité un engouement général.
C’est parmi les milieux francophiles de la société hellénique que la mobilisation avait été la plus forte, avec en tête les anciens étudiants des universités françaises qui avaient à cœur ce projet. La Fondation devait donc beaucoup aux anciens étudiants des universités françaises, influents et compétents, qui, de diverses manières, lui avaient apporté leur précieux concours.
Ils ont d’autant plus été en mesure d’apporter une aide décisive, que nombre d’entre eux exerçaient des fonctions élevées dans les institutions publiques.
Ceci a notamment été le cas du juriste Nicolaos Politis, qui occupait le poste d’ambassadeur de la Grèce en France. Cet ancien professeur des universités françaises a mieux que quiconque promu ce projet, exerçant des pressions sur les pouvoirs publics grecs et négociant habilement avec les milieux universitaires français les divers aspects de la question.
De fait, ce gouvernement décida d’allouer une somme de 2,35 millions de drachmes au financement d’une résidence étudiante dans la Cité parisienne. La construction du bâtiment pouvait commencer. Celle-ci a pris un peu moins de deux ans. La cérémonie de la pose de la première pierre s’est déroulée le 14 janvier 1931. L’inauguration quant à elle a eu lieu le 23 décembre 1932. Le pavillon hellénique a commencé à accueillir des occupants à partir de janvier 1933, malgré les difficultés financières de la Grèce.
Grâce à la forte mobilisation nationale autour de ce projet la Grèce sut réussir là où d’autres pays de l’Europe orientale avaient échoué. En effet, de l’ « Europe migrante » seule la Grèce parvint à participer à la construction de la Cité.
Avant même sa construction, cette maison était conçue avec l’ambition de devenir « un lien de plus entre votre grande patrie et la nôtre, par l’intermédiaire de ces générations d’étudiants qui, faisant leurs études en France, porteraient l’amitié et la civilisation française à leur pays», selon les mots de C. Othonides, alors ambassadeur de Grèce en France.
Un jeune historien ayant récemment acquis le titre de docteur de l’Université de Paris, Dionisios Zakynthinos, a été nommé à la direction de l’établissement. Il a accompagné son fonctionnement pendant les 3 premières années de son existence.
La Fondation Hellénique a affiché dès son ouverture l’ambition de satisfaire à un certain rayonnement culturel de la Grèce. Il s’agissait en effet de se doter d’un pavillon qui fût le reflet de ce berceau de culture. La volonté était de promouvoir l’ « hellénisme vivant » par ses valeurs philosophiques et sa langue qui porte en elle « l’âme hellénique ». Il s’agit aussi d’un lieu de rencontre entre l’Université de Paris et la Grèce vivante, réunion de la « Cité antique » et de la « Cité nouvelle ». C’est ainsi que de nombreuses activités culturelles et récréatives ont été organisées dès les débuts pour les étudiants, dont nous pouvons trouver trace dans les rapports d’activités. La Fondation s’est en effet efforcée de « créer autour d’eux un mouvement intellectuel, de leur donner l’occasion de développer leurs talents dans une collaboration étroite avec leurs camarades », ceci afin d’encourager des liens durables entre les jeunesses de divers pays. Dès les premières années, des cours gratuits de grec, de français, d’anglais, d’allemand et d’italien sont organisés, ainsi que des causeries, conférences publiques et aussi excursions, bals, soirées artistiques et manifestations sportives à l’initiative du Groupe des Etudiants. Le but était d’ouvrir les étudiants à des domaines qui dépassent leur stricte discipline .
Le premier rapport d’activités, pour l’année 1932-1933, est très enthousiaste et positif. Les résultats brillants des étudiants sont cités avec fierté et le directeur, M. Zakynthinos, insiste sur la présence d’une importante activité culturelle, annexe à la fonction « hôtelière » de la Fondation.
L’architecture de la Fondation, mais aussi l’agencement de ses espaces de vie commune étaient conçus comme un cadre idéal facilitant la vie de la communauté formée par les résidents étudiants.
La Fondation Hellénique fut érigée pendant la période de construction la plus active de la Cité Universitaire Internationale. En effet, la Cité a connu une intense activité de construction au cours de la deuxième moitié des années 1920 et de la première moitié des années 1930 : la Maison Canadienne fut bâtie en 1926, la Fondation Belge en 1927, la Fondation de la République d’Argentine en 1928 la Maison Japonaise en 1929 et la Fondation des Etats-Unis en 1930. Chaque année une nouvelle résidence nationale ouvrait ses portes, élargissant le village universitaire.
C’est à ce rythme soutenu que la Cité a continué à s’agrandir au cours de la décennie suivante. Son développement ne fut freiné ni par la crise économique mondiale, ni par la forte chute, après 1932, du nombre d’étrangers présents dans les universités françaises.
Il est vrai qu’elle bénéficiait toujours de l’appui des pouvoirs publics et des collectivités locales. L’Etat français lui alloua une aide financière de 75 millions de francs, tandis que la municipalité se décidait à lui verser chaque année une subvention de 750.000 francs, ramenée, à partir de 1933, à 250.000 francs.
Mais l’extension de la Cité était due principalement à des apports étrangers. Huit nouveaux pavillons nationaux ouvrirent leurs portes au cours de cette décennie : la Maison des étudiants suédois en 1931, la Maison des étudiants danois, ainsi que la Fondation hellénique en 1932, la Maison de Cuba et la Fondation suisse en 1933, le Collège franco-britannique et la Maison de Monaco en 1937, enfin, le Collège Néerlandais en 1938. A la fin des années 1930, la Cité comptait au total 17 résidences étudiantes – compte tenu aussi des fondations françaises (Fondation de l’Institut Agronomique, Fondation Indochinoise et autres) – dont 13 avaient été construites par des gouvernements étrangers. En fait, ces oeuvres nationales avaient été pour une large partie financées par des donateurs privés.
Dans l’ensemble, la Cité devait beaucoup plus à l’action privée internationale qu’à l’action publique nationale.