Archipel_EXPOSITION_23.09-24.10.2006

Du 23 septembre au 24 octobre 2006

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Archipel était le mot utilisé pour désigner la Grèce et ses îles jusqu’au début du siècle dernier. Aujourd’hui, on l’utilise toujours pour les différents ensembles d’îles qui se trouvent en Grèce: les Cyclades, les Sporades, la Dodecanèse, les îles da la mer Ioniène… Dans la langue grecque la mer est appelée thalassa mais aussi pontos, qui veut dire passage. Car pour un pays qui compte plusieurs milliers d’îles, l’eau rapproche autant qu’elle divise. Dans le cadre de ce projet j’ai voulu me rapprocher moi-même de la réalité de la mer, aller à la rencontre de gens qui vivent de ou avec elle et par conséquent mettre à l’épreuve l’amour que je lui porte. Pendant presque deux mois (décembre 05 et février 06) j’ai réalisé deux voyages dans trois îles grecques (Paros, Kalymnos, Mytilène) choisies au hasard de mes rencontres. J’y ai croisé de marins, de femmes de marins, de pêcheurs, d’ex-capitaines, d’aventuriers, de petits enfants de pêcheurs, de mères dont les enfants étaient morts noyés… J’ai vite abandonné la recherche de récits imaginaires, tels que les contes grecs liés à la mer, qui était mon projet initial, afin de donner place aux paroles du quotidien de mes interlocuteurs, simples mais non moins poétiques. Le résultat était un kaléidoscope d’expériences captées au vif que j’ai ensuite réinterprétées en français. En dehors des portraits photographiques que j’ai réalisés j’ai voulu intrégrer dans ce projet une interprétation personnelle de mon héritage grec visuel, allant des images naïves anonymes aux icônes orthodoxes, des tatouages de marins aux portolans du début du siècle dernier. Pour cela j’ai choisi la technique de la linogravure qui m’a permis de créer une imagerie presque symbolique, mêlant diverses influences: ex-votos, graffitis, artisanat grec populaire. Les textes, à l’instar des îlots d’un archipel, sont peuplés par un ensemble de visages et de mémoires. Pour cela ils ne sont pas présentés dans un rapport strict de portrait-légende, mon souhait étant de créer tout un univers, où défileront toutes les personnes que j’ai rencontrées, leurs histoires et celles d’autres personnes, parfois non photographiées.

Ces voyages en Grèce ont donné naissance à deux livres qui se regroupent sous le titre commun d’Archipel(s) : le livre de la terre et le livre de la mer. J’ai trouvé qu’ainsi se créait une cohérence qui correspond tout à fait à la réalité que connaissent tous ceux qui vivent auprès de la mer: il y a toujours ceux qui partent et ceux qui restent derrière. Ces deux faces, ces deux réalités sont à mes yeux l’équivalent des deux éléments qui forment ce que l’on appelle Archipel: la terre et la mer, l’une dans l’autre.

Et l’homme dans tout cela, un archipel dans l’archipel.

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