Du 19 mai 2006 au 10 juillet 2006
Une exposition d’Aurélia Jaubert et Alexandra Roussopoulos
Une carte postale est toujours la version sublimée d’un lieu. Ne dit-on d’ailleurs pas d’une « belle » photo qu’elle « fait carte postale » ? Ce type d’images aseptisées représente un univers neutre à positif. Jamais de haine, de guerre, de froid, de faim, de misère ne viennent troubler la quiétude des lieux. Toujours du beau temps, un lieu supposé « paradisiaque ». L’usine au bout de la plage n’apparaîtra que peu sur ce support. Il en va de même pour les cartes postales qui ont des individus comme sujets : le pêcheur breton, par exemple, sera conforme à nos imageries mentales – façonnées notamment par les cartes postales et toutes nos consommations d’images – : barbu, trapu, bourru… En fait, les cartes postales photographiques véhiculent des clichés. Elles sont conformes à ce que notre regard sur l’ailleurs s’attendra à voir. Ceci est notamment flagrant dans les représentations de la Grèce : la mer et les îles, les maisons blanches, les temples et les statues de pierre, une nourriture saine, etc.
Cette conformité à nos attentes est telle que nous ne savons plus vraiment si ce sont les cartes postales qui façonnent – du moins qui contribuent (avec la publicité ou les catalogues d’agences de voyage) à façonner – notre imagerie mentale sur ce pays, ou si ce fantasme collectif oblige ce type d’images. Un tel constat est d’autant plus légitimé par le fait que les cartes postales sont elles aussi soumises à des modes, auxquelles nous sommes tour à tour victimes et façonneurs. Lors d’un voyage en Grèce en février 2005, Aurélia Jaubert et Alexandra Roussopoulos réalisent un projet artistique autour de la carte postale: Ces cartes, repeintes et associées entre elles, évoquent aussi bien la gravure ancienne que le photo-montage et transforment ces représentations idéalisées et banalisées d’un pays touristique.
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